
Après qu'il eut pris le château du Gué et chassé marauds, pillards et brigands qui avaient suivi Pichrocole en sa guerre échevelée, mis en goût par sa victoire et désirs de fête, Gargantua
entreprit d'aller en Buch gûter aux ouystres dont la renommée était parvenue jusqu'à lui.
Après qu'il eût franchi moult gués et halliers, rus et fossés, sautant par dessus les vignes d'où s'enfuyaient vendangeurs comme grives prises en faute, il se rendit aux bords de Gironde où il se
servit d'îles amarrées au droit d'Ambès et de pierres de Bourg pour passer sur la rive gauche. Il prit alors le chemin des Bougès où le précédaient force porteurs de barriques de blanc prises en
Entre-Deux-Mers.
Passant par Bordeaux il fut assailli par une nuée de noyaux de cerises vite épuisés depuis que son Maire interdit par décret d'en manger en hiver (il en a même fait un livre). Irrité de ce
contretemps, Gargantua dépendit la grosse cloche prétextant que bourdeaus n'en ont pas plus besoin pour se signaler que cocus clochettes en leurs ramures.

En arrivant à Facture qu'autrefois Ulysse cuydait être l'enfer tant on y sentait une odeur fade, il s'assit au frais du marais pour déguster écailles.
En ces temps, l'ouystre sauvage se défendait âprement. Suant, pestant, ferraillant, blessés par cy, coupés par là, nos escrymeurs d'ouystres avaient beaucoup de mal à suivre les déglutitions de
leur maître. Les plateaux de fruit de mer, chacun le sait de nos jours, donnent soif à cause de l'eau qui est salée.
Après qu'il eût asséché à même la futaille un muids de bon vin blanc, qu'il eût baillé, roté, pissé, il s'est jeté dans l'Eyre qui, débordant d'un coup, entraînait dans les profondeurs des marais
du delta quantités de canoéistes en vacances en cette fin d'été et qui ne savaient plus à quel saint se vouer.
- Et toi, qu'as-tu fait?
- Je suis monté au truc des socières me mettre à l'abri d'ajoncs bien griffus.
- Tu n'aimes pas l'eau, je crois?
- Si, en filet.

Photographies de Régine Riosenthal, Anthine et Cécile Durand
Tu en connais beaucoup d'autres histoires comme celle-là
- Tout ce qui est dans mon journal de guerre mais je n'en dirai pas plus
- Et pourquoi donc?
- Parce qu'on y parle de parties viriles ou honteuses (selon milieu) comme fit Brantôme dans le sien.
- Ce peut être intéressant
- Pour des traductions de textes médiévaux, certes , mais je n'écrirai ces mots de nos pères que la pudeur a chassés du patrimoine que si au moins deux - je dis bien deux - internautes le
demandent.
- Y en a-t-il beaucoup?
-Tous ceux qu'on utilisait en ces temps.
Avez-vous bien compris, amis?