Pour compléter le blog de Luz mon chat a bien voulu lever le voile sur l'affaire du Chat
botté.
Quand la police s'aperçut enfin de la disparition de l'ogre, poussée par un article de la gazette du parlement et une population jalouse de ce qu'un fils de meunier se fût
installé au château de Crazannes, le parquet istruisit un transport de justice en ces lieux. Bien qu'il n'y eut aucun cadavre et que l'instruction n'avançât qu'à pas feutrés, la mise en examen du
marquis de Carabas ne faisait aucun doute.
C'est ainsi que deux jeunes femmes, fraîchement issues de l'école de la magistrature de Bordeaux s'en vinrent un jour en Charente. Elles s'en prirent d'abord au marquis :
"Quand avez-vous vu l'ogre pour la dernière fois? Quel notaire a transcris l'acte de propriété du château?
Le marquis niait tout en bloc : il ne connaissait pas le précédent occupant des lieux (à l'époque de l'armorial de France et du Bottin mondain, c'était incroyable) L'acte avait été trancris par
un notaire ambulant dont il n'avait plus de nouvelle (çà arrivait souvent en ce temps que les notaires disparaissent sans raison). le seul chef sérieux d'inculpation restait l'exibitionnisme au
passage du Roi (ce qui eût été attentatoire à la majesté du chef de gouvernement n'eût été l'admiration béate manifestée par la Princesse).
Restait le chat. Vieilli et fatigué, il se chauffait au soleil sur la terrasse du château
d'où il observait la scène d'un regard passablement ennuyé.
L'une des jeunes femmes , se tournant vers lui demandait alors à brûle-pourpoint - un brûle-pour-poing policier selon une méthode chère aux écoles de police.
" Des témoins nous ont dit que vous aviez sollicité des faux témoignages.
- Vous n'allez pas croire que des paysans ne savaient pas pour qui ils travaillaient quand à l'époque on demeirait à perpétuité sur les mêmes terres, pour le même
travail et pour le même chef d'exploitation?
- Vous les aviez peut-être menacés?
- Je n'ai jamais porté sur moi, madame la Juge que mes dents et mes griffes."
Ce que le chat ne disait pas c'est qu'en cette période d'instabilité sociale les domaines changeaient souvent de mains. Le seul avantage c'est qu'à cette époque, où l'on ne pouvait pas emporter
les machines, il n'y avait pas de plan social.
L'enquête, une fois de plus, tournait en eau de boudin.
La solution vint du chat. Involontairement, bien sûr.
Un Bovary du coin dut lui extraire un os qui s'était fiché dans sa gorge. Opération à hauts risques surveillée par les exempts de police.Elle réussit au delà de toutes les espérances.
L'os fut envoyé aux labos de la police scientifique à fins d'identification. Il se révélait par Adn interposé être celui d'un grand seigneur d'autrefois adepte de tours de magie. Le chat dût
passer aux aveux. C'était bien d'un crime qu'il s'agissait et le pire de tous : le crime par mastication suivi d'ingestion.
Il dut passer aux aveux. Comment avait-il connu l'existence d'un noble et haut imitateur en ce lieu? Le monde des animaux est un monde mystérieux et plein d'observations qui échappent à
l'informatique. De plus, le chat avait préparé son crime par toute une série de cadeaux faits au Roi, ce qui ressemblait fort à de la prévarication doublée de préméditation.
Il fallut inculper le chat sans oublier le maître pour recel par personne ayant autorité sur le criminel
Le procès doit avoir lieu avant la fin de l'année. Les journaux et les jaloux en attendent une punition exemplaire. Les politiques et les magistrats sont plus dubitatifs.
Les chats, chattes et chatons ayant écouté de façon exemplaire, mon chat se propose de renouveler pour vous les contes de Perrault tels qu'il les vécut en son temps
Les phographies sont de Régine Rosenthal.