Je l'ai vue arriver par petites touches blanches derrière la haie.Elle n'est pas mal avec ses longs poils comme des cils sur le haut d'oreilles très pointues, comme je les aime, et son regard
foudroyant derrière son masque de Venise. Un peu trop blanche peut-être, son nez un peu trop rouge, ses mitaines un peu trop agressives, mais c'est la mode. Une pelure blanche immaculée. Mon
chat-pelure s'est mis à miauler doucement et mon chat est arrivé.
"Mon ange.
- ça commence bien".
Je vis mon chat-qui-pelote serrer de près sa chatte-laine.
" Mais d'où sort-elle, cette pouffiasse?"
Voilà que je parlais comme un père bourge.
"On ne choisit pas ses amies au chat-chat-chat.
Je m'approchais pour écouter ce qu'ils disaient
- Mon ange disait-il toujours
-On commence par faire l'ange et puis on met des langes. Je ne vais pas me transformer en chat-lait ou en vache à lait rien que pour te faire plaisir."
Du chat-l'ange au chat-langes, quel chat-lenge! Ils n'avaient apparemment pas la même conception de la famille. C'est le moment que choisit l'électricité de la ville pour s'éteindre. Mon
chat-l'heureux de chat n'avait rien à faire de l'électricité publique. Moi, si.
Je n'ai plus rien vu mais ils sont restés longtemps derrière la haie et, comme on dit chez nous
"Quels chat-braques (des chats qui parlent à tort et à travers).Il est vrai qu'elle n'est pas encore chat-bèque (vieille femme bavarde au nez crochu)
Comme dit Montaigne : "si le français n'y va pas, que le gascon y aille".
Même sans lumières...