- Tu as vu, Mije, Gabriel a eu le grand prix des poètes africains, comme Senghor
- Gabriel qui ?
- Okoundji, le Prince des poètes africains
- C’est quoi un poète africain ?
- Un Congolais qui parle aux arbres
- La belle affaire, moi je grimpe dessus.
- Il écoute la lune
- Et qu’est-ce que tu crois que je fais quand je vais sur les toits ?
- Tu pourrais être du pays des panthères
- Comme lui. Je ne suis pourtant pas un poète congolais.
- Tiens, je vais te raconter une histoire. Un jour que j’entrais au jardin du Luxembourg, deux gardes républicains se sont mis au garde à vous.
- Tu n’avais jamais vu çà ?
- Jamais. J’ai regardé à droite et à gauche. Un gros Monsieur noir m’a dit : »C’est pour moi, çà »
- C’était un poète ?
- Non, on ne se met pas au garde à vous pour des poètes, on leur fait discours.
- Qu’est-ce qu’il était ce Monsieur ?
- Un homme politique
- On se met au garde à vous pour tous les hommes politiques
- Que non : il était seulement Président du Sénat.
- Comment s’appelait-il ?
- Gaston Monnerville
- Tu m’en diras tant. Mais dis donc, ton Okoundji, il ne regrette pas le Congo ?
- Tu sais, ici il a l’ample, la superbe Garonne.
- C’est égal, c’est pas pareil.
- Tu connais pas le poème d’Émié ?
- Qu’est-ce qu’il dit de la Garonne, Louis Émié ?
La ville au clair de lune
D’être un beau bras replié
- À bientôt Gabriel. Bravo. Félicitations
Photographie Régine Rosenthal
Terrasse: oeuvre de Nicole Chatignol.