- Je voudrais servir les vieilles personnes. C’est très utile les
vieilles personnes et il paraît qu’elles ont besoin de nous, les matous, les minettes et les autres.
- Fais donc ta toile dans une ville où il y en a beaucoup
- Où çà ?
- Pas difficile à choisir. Il y a des statistiques de villes à vieux.
- Tisser ma toile ? Quelle toile ? Ma toile sur le web pour leur donner des renseignements ? Les informer de leurs droits ? Leur envoyer le catalogue d’E-Bay ?
- Les vieux n’aiment pas le web. Fais comme l’araignée, tisse ta toile comme un filet.
- Pourquoi faire ?
- Pour les attraper, les ligoter et ne plus les perdre.
- Mais c’est du home-jacking !
- On peut dire çà
- Et qu’est-ce que j’en fais, des vieux ?
- Tu les suces
- C’est dégoûtant
- Je veux dire que tu les piques
- Au sang ?
- Non, ils n’en ont pas beaucoup, tu les piques jusqu’au pognon.
- Et en attendant, qu’est-ce que je fais ?
- Tu attends au coin de ta toile.
- Comme au coin d’un bois ?
- C’est encore plus facile autrement il n’y aurait pas tant d’aragnes qui ne cherchent qu’à prendre les vieux dans leur toile.
-
Pourquoi des araignées ?
- Parce qu’elles ont huit pattes
- Et alors ?
- C’est facile pour bien étreindre.
- Et où sont-elles, ces araignées ?
- Partout.
- Tu peux m’en donner des exemples ?
- Regardes la pub, les démarcheurs, les arnaqueurs, les bienfaiteurs
- Les bienfaiteurs ?
- Ils pensent comme çà, qu’un bienfait ouvre les portes des cœurs et des maisons alors ils ne les lâchent pas d’une semelle, ils les plaignent les vieux, ils les aident les vieux
- À quoi ?
- À dépenser leur argent.
- Ils pensent peut-être qu’un bienfait n’est jamais perdu
- Tu y crois, toi, qu’un bienfait n’est jamais perdu ?
- Pour eux oui
-
Et pour les vieux ?
- Çà, c’est autre chose. Ils en voient tant des faux-culs, des hypocrites, des tout-en-sucre…
- Des araignées en sucre ?
- Non des araignées de compagnie qui viennent les piquer plusieurs fois par jour
- Dans les fesses ?
- Non, tu n’as rien compris : dans le porte-monnaie.
Photographies de Régine Rosenthal et Vincent Gallière