- Alors, quand est-ce que tu vas me le refiler
ton ordi.
- Écoute, Mouss’, je n’ai vraiment pas le temps en ce moment, j’ai beaucoup à faire jusqu’au début avril.
- Et moi, tu crois que je n’ai rien à faire ?
- Toi, tu dors tous le temps.
- Çà c’est la meilleure !. Moi, ne rien faire ? Alors que j’observe le monde
- Et que vois-tu ?
- Des choses pas toujours très nettes. Ainsi, pas plus tard qu’hier, ta voisine parlait des maisons de retraite.
- Ah ! tu as entendu. !
- Ç’aurait été difficile de ne pas vous entendre. Elle se plaignait qu’on dise papy, mamy.
- Tu crois que c’est amusant d’être infantilisé tout le temps ? Est-ce que tu dirais papy au monsieur qui porte une brosse sous le nez chez Total ou mamy à la dame de l’Oréal ?
- Ce sont un grand Monsieur et une grande dame.
- Parce qu’ils ont du fric ? Les pensionnaires des maisons de retraite les valaient bien et il n’y a aucune raison de les traité en débiles.
- Parce que tu trouves qu’on les traite comme des débiles ?
- Mes petits enfants d’accord ! mais les aides soignantes... Je n’ai plus qu’à les traiter de « boniches » tant que j’y suis.
- C’est pas pareil
- Regardes les arabes dans un commissariat. « il m’a mal regardé » « il m’a tutoyé » … Ils demandent juste un peu de respect.
- Et tu voudrais un minimum de respect pour les vieilles personnes ?
- Oui, bien sûr. Elles ont travaillé, elles ont eu une vie digne.
- Et pourquoi dis-tu mini mini mini quand tu m’appelles ?
- Comment veux-tu que je dise ?
-
J’ai un nom. Je m’appelle Mouss’
Photographie de Régine Rosenthal