- Tu viens, on va faire le tour du Cap
- Du cap Ferret?
- Non, du Cap Corse
- Dans le sens des aiguilles d'une montre alors, en restant du côté de la montagne
- Non, de l'autre
- Et les précipices?
- Ne t'inquiètes pas, on passe par Erbalunga
- Un port? Je n'aime pas çà, moi
- Mais il y a la tour, et les roches vertes. C'est un village de peintres
- Pour l'amour de l'art, alors, que ne ferait-on pas? On passe par le Cap du Cap?
- Non, j'ai peur de manquer d'essence
- On ne va pas voir le moulin Mattéi?
- Ni les éoliennes
- Alors par où passe-t-on?
- Par Pino. En passant, tu es prié d'admirer la tour de Sénèque.
- Que faisait-il là-haut?
- Il méditait, il disait du mal de la Corse.
- çà m'étonne.
- C'était pour tant
une belle tour en son temps. Bien des touristes la lui jalouseraient. Il avait une vue superbe. Il voyait la mer de tous côtés.
- Et après, on s'arrête ramasser de l'amiante
- Non l'usine est fermée et l'usine plus grillagée que la prison de sûreté la plus close.
- Alors, où va-t-on?
- Chercher du Patrimonio.
- C'est de l'essence, çà?
- Une spèce d'essence pour deux pattes.
- Enfin, si je vois du pays, c'est l'essentiel mais avertis-moi quand tu verras un chat que je m'informe s'il parle corse.
- C'est dans cette position que tu veux voir la Corse?
- T'occupes, j'ai le mal de mer.
Photographies Annie Delobez.