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Tu as vu, tout le monde s’embrasse dans la rue aujourd’hui.
- C'est parce qu'ils s'aiment.
- Tu crois?
- C’est pour s’empêcher de se mordre,
alors.
- Autrefois on ne tutoyait que les gens avec qui on avait gardé les cochons. Aujourd’hui les délinquants trouvent attentatoire le tutoiement des policiers.
- Un tutoiement que tout le monde pratique, d’ailleurs.
- Pas avec les policiers mais entre gens du même monde ou pour marquer une certaine condescendance.
- Il y a le baiser de paix.
- Le baiser de paix c’est le commencement de la réconciliation.
- Et le baiser du gardien de la paix ?
- Tu ne voudrais pas, çà ressemblerait trop au baiser de Judas
- Parce que lui, il avait une bonne raison d’embrasser Jésus
- Oui, trente deniers.
- Qu’est-ce qu’on serait riche aujourd’hui avec tous ces bisoucayres qui cherchent à nous embrasser.
- Tu n’aimes pas les bisous et le tutoiement
- Si, lorsque c’est un clin d’œil, une complicité, mais pas n’importe comment par n’importe qui.
- Moi, j’aime bien me faire embrasser par ma maîtresse
- Oui mais c’est dans l’intimité, et sur ses genoux.
- De la lèvre au cœur il y a toujours une certaine distance.
- Celle de l’amour.
- Il y a des silences qui l’expriment mieux que les mots.
- Il y a des mots trop forts pour qu’on les prononce à tout propos.
- Tu peux te relâcher, c’est le temps des soldes.
- Et on te retourneras baisers et flatteries reçues en surnombre comme on le fait des vœux et cadeaux de Noël.
- Tu es trop exigeant.
- Nous le sommes-nous tous, nous, les chats, avec notre souci d’indépendance et de vérité.