Mon chat miaule quand il veut des
caresses ou qu’il désire sortir mais il écoute les mots des z’humains et voici ce qu’il m’a dit
Vous avez des mots que j’aime et d’autres pas. Les mots nébuleux, vos jours en sont pleins, les mots gris sont tristes, les noirs, dangereux même luisants comme la vase des rivières qui cherche à nous entraîner vers le fond et les drapés satinés des smokings qui vous entraînent dans les fêtes. J’aime les mots roses qui sont des mots d’enfant et les rouges ardents même s’ils sont incandescents. Je n’aime pas les mots blancs qui fondent comme neige au soleil mais les vert tendre qui sont doux et les vert pré qui annoncent le printemps. Les mots vert chou me portent sur le foie, les orange amènent un brin de soleil, les bleu azur se font légers, légers, les bleu ciel risquent de ne pas durer, les bleu des mers du sud font rêver mais les bleu de Prusse sont profonds. Je n’aime pas les jaune paille qui sont plats comme un désert sans dune mais les mots jaune d’œuf me font penser au cirque et les jaune citron mettent une pointe épicée dans les conversations. Je n’aime pas les mots terreux qui collent à la semelle de vos souliers, les mots vineux des ivrognes ni les mots sales qu’il faut décrasser. Les mots cuivre rouge poli reflètent le monde à coups de cymbales ; c’est pourquoi je les aime bien. Je n’aime pas les mots froids et luisants comme une lame de couteau qu’on aiguise pour dire des vacheries ou pour faire mal ni l’écume des mots qui porte avec elle tous les mépris de l’onde et du monde.
- Dis-moi, Mouss’, Mije n’est pas près de toi ?
- Je l’ai envoyée continuer son reportage sur les contes.
- Alors, çà continue ?
- Çà dépend de ce qu’en penseront les internautes.