- Tu connais l'histoire du vieux matelot?
- Si tu ne me la dit pas, comment veux-tu que je la connaisse.
- Ecoutes
Came de Pouletest ce vieux matelot que nous allions voir, enfants, au seuil de la cabane où il ramendait des filets. Il en fixa it le bout à la porte qui tremblait à chaque aiguillée qu’il voulait énergique. Il avait navigué, c’est sûr, mais personne ne savait où, tant il mêlait le vrai et l’invraisemblable. Il aurait voulu être forgeron comme son père mais il savait par expérience, ayant tiré le soufflet quand il était « drolle », que le chaud donne soif. Comme il craignait cet état plus que tout autre, il buvait avant d’allumer la forge, ce qui lui en ôtait instantanément la force et l’envie. Alors, il s’est fait marin, roulant sa bosse sans souci de travail régulier loin de tout, fors de l’eau de mer qu’il contemplait par dégoût de macération pour guérir péché d’intempérance qu’il savait ne pouvoir brider à terre.
Depuis qu’il était aux invalides – ce qui est depuis Colbert la retraite du matelot – il menait une vie réglée comme papier à musique. Il quittait sa maison à midi tapante, heure à laquelle il l’abandonnait à la Berthe, aussi sèche qu’il était rond et dont on ne savait plus au village, tant elle était antique, si c’était sa sœur, sa servante, sa maîtresse ou les deux premières comme en ont curés au presbytère ou les deux dernières comme en ont vieillards libidinaux en leur veuvage.
- Tu crois qu'ils voudraient connaître la suite?
- Qui çà?
- Ceux qui ont lu nle début pardine...