Christophe est tueur de
chats. Il les ramasse et il les crame à la demande des mairies qui n’aiment pas les rassemblements de chats ou des grandes surfaces où ils griffent les emballages pour manger ce qui est
comestible avant que ce soit mis en rayon.
C’est un bon métier, tueur de chats et ça rapporte gros. Ça vaut mieux que de déporter les chiens dans une île où ils hurlent indéfiniment à la mort comme cela se faisait naguère à Constantinople. Il a bien, chez lui, quelques chats qui ont la face tuméfiée comme après un bon passage à tabac ou quelques tortures, mais pas tous. De toute façon, ce n’est pas lui qui torture. Lui, il brûle.
Un jour, un petit vieux qui se sentait partir, a désiré lui confier son chat, pour ne pas le laisser seul. Il n’en a pas voulu. Il ne pratique pas l’euthanasie. Un seul, ça ne rapporte pas assez et puis, la SPA lui serait tombée dessus. Plusieurs centaines, ce n’est pas pareil. Ça passe inaperçu. Du moins pendant quelques temps. C’est comme les affaires pendant la guerre.
Ce garçon a de l’avenir. Les jeunes filles le courtisent. Quand il en aime une, il l’appelle ma chatte. On ne sait pas ce qu’il fait de celles qu’il aimait avant.
Photographie Régine Rosenthal