Les deux étrangers avaient beau partager avec les habitués de
le Mole les solettes et les rougets qu’ils prenaient dans leurs beaux filets ajourés, les marins crevaient de jalousie et se moquaient des dentelles de la princesse. La plus hardie d’entre les
femmes de marins, la plus jolie aussi, et la plus gentille, une brunette, dit un jour à la princesse, qu’il y avait autrefois, à la Mole, un Roi qui prenait les plus beaux des poissons et qu’on
avait dû faire partir parce que les marins d’ici ne prenaient plus que de maigres sardines. « Ce n’est pas juste que des étrangers ramassent plus de poissons que nous et ne nous laissent que
les trogues, les coustuts, les grondinettes, les tacauds et les merluchons » dit-elle.
Phot JC Lauchas