Ce n’est qu’après des heures de patience qu’il parvint à passer au goulot de la bouteille une de ces ficelles que les garçons ont toujours en poche et qui
leur servent à lancer la toupie. Il tirait à petits coups comme on fait des objets fragiles qu’on manipule avec le maximum de précautions. La bouteille résistait. Vingt fois la ficelle faillit
rompre. Vingt fois il lui donnait du flou avant de tirer à nouveau.
La bouteille vint enfin avec un grand «floc » suivi d’un bruit d’huître qu’on avale. Aucune marque, aucune étiquette aucun bouchon n’en mentionnait l’origine. C’était une bouteille vénérable aux formes plus lourdes que celles qu’on connaît aux bouteilles classiques et du cachet de cire qui la fermait pendait un bout de lacet usé.