- Enfin ! Tu me le laisses cet ordinateur ?
- Que veux-tu en faire ?
- Donner des nouvelles qui auraient fait un scoop si tu t’étais un peu pressé.
- Que veux-tu dire
- Tu sais qu’au bord de la mer il y a toujours deux fois plus de monde qu’ailleurs.
- Pas en ce moment
- Non, bien sûr, mais les maisons restent
- Et alors ?
- De Dunkerque à Tamanrasset sur tousles bords de mer, c’est la même chose : les vitres captent le soleil l’été (heureusement qu’il y a la clim !) ; les tours affrontent les vents, les garages attirent les eaux. Et tout çà les pieds dans l’eau.
- Çà n’a pas toujours été comme çà ?
- Non. J’ai eu un vieux maître
qui avait une vieille maison bien basse, avec des ouvertures à l’est et un mur aveugle à l’ouest passé au coaltar.
Il n’a jamais eu les pieds dans l’eau ?
- Non, il était au cœur de la bourgade à cinq cent mètres de la mer.
- Il ne travaillait pas sur la mer ?
- Si mais il n’habitait pas sur place. C’est pour çà que j’ai signé le collectif littoral qui demande aux futurs élus
o Que le potentiel d’accueil soit toujours compatible avec le maintien d’un équilibre entre populations touristiques et populations permanentes
o Que les accès piétonniers aux plages et aux sites riverains soient ouverts à tous
- Pourquoi, çà ne l’est plus ?
- Pas toujours
- Que crois-tu qu’il faille faire ?
- Laisser à la mer un espace où se détendre, être sur ses gardes et veiller au bon entretien des défenses, ne pas écouter les sirènes qui proposent des prix imbattables sur des espaces inondables.
- Pourquoi dis-tu çà ?
- Parce que je pense aux pauvres gens qui sont morts noyés dans leur lit ou surpris parce qu’ils ont oublié que la nature se fout des hommes.
-
Et toi, Mouss’, que penses-tu ?
- Que la nature me fait moins peur que les hommes parce que la nature, il y a longtemps qu’on la connaît tandis que les hommes, ils sont toujours imprévisibles dans leurs démarches, leurs constructions, leurs prétentions et leurs comportements.
- Je sais. Je ne juge pas mais je me demande si un drame peut nous servir de leçon. Il y en a tant en ce moment.
- Mais que fais-tu là?
- Je mets en ligne la couverture de mon prochain bouquin
- Pourquoi fais-tu çà?
Parce que tu m’as tout l’air de ne pas me croire et çà, c’étaient d’autres drames, d’autres comportements, d’autres prétentions.