- Tu
fais du vélo maintenant ?
- Par ordonnance médicale
- Du vélo d’appartement ?
- Non, du vrai vélo, sur piste, sur route, avec un dossard et un casque
- Un casque intégral ?
- Ah, non ! Tu as vu la tête qu’on a avec ça.
- Justement, je ne vois pas la tête.
- Ça manque un peu trop d’élégance.
- Que ta petite amie dise ça, je comprends. Venant de ta part, ça m’étonne
- Et l’égalité des sexes, qu’en fais-tu, espèce de misogyne. Ce n’est pas parce qu’on est mâle qu’on est mal.
- Au fond, tu te fais remarquer, tu flânes et tu gênes les gens pressés
- C’est vrai qu’ils sont d’autant plus pressés qu’ils sont en vacances
- Quelque amour pressant, peut-être ?
- Quelque égo à satisfaire, sûrement.
- Et ça t’amuses, ça t’amuses…
-
Tu appelles ça s’amuser, toi, se faire klaxoner quand tu franchis un gendarme couché, se faire frôler par un 4X4 qui ne te vois pas, recevoir la barrière du parking
sur la tête quand tu crois pouvoir passer tranquillement, ou une portière de voiture en pleine figure…
- Tu n’as qu’à ne prendre que des pistes cyclables
- Je veux bien partager avec les piétons et les chiens mais que dois-je faire quand il y a des rollers en groupe, des gens qui courent droit devant eux, un camion ou une grosse voiture sur la piste ? Si je descends du trottoir je me fais injurier par l’automobiliste qui arrive à toute vitesse en longeant la piste au plus près ? Si je reste sur la piste, je reçois en plein la voiture qui sort de son jardin en marche arrière.
- Mais au moins, toi, tu sais où te garer
- On a enlevé tout ce qui avait été prévu pour ça : il paraît que ça gênait les livraisons, et, quand on met le vélo sur le trottoir, appuyé sur un mur, c’est le propriétaire qui rouspète, et les piétons aussi, même quand ils ont la place de passer. Quand on le met sur le bord du trottoir, ce sont les automobilistes qui t’engueulent sous le prétexte qu’ils ne peuvent pas faire de créneau.
- Pourquoi te ferais-tu engueuler sans arrêt, comme tu dis ?
- Parce que je n’ai pas de voiture
- Et si tu en avais une ?
- Je me ferais engueuler aussi parce que je prendrais du temps à faire un créneau, je laisserais passer les piétons aux clous, je ralentirais au feu orange, je chercherais ma route…
- Tu laisserais passer les piétons ?
- Oui, s’ils font des sourires et puis…ça embête tellement ceux qui sont derrière…
- Il n’y a donc pas solution.
-
Si, acheter Hilh de pute, macarel, le livre d’injures de Charles Daney pour avoir un bonne réponse, bien musclée
- C’est vrai qu’à vélo, il n’est pas facile de faire un bras d’honneur
- Tu crois qu’ils se gênent pour téléphoner au volant, quant ils ne se maquillent pas en conduisant ?
- Un vélo d’appartement, c’est plus tranquille, tu sais.
- Oui, mais personne ne me vois et je ne vois personne.
- Aimerais-tu te faire engueuler par hasard ?
Je me demande si je ne préfère pas ça. C’est ça qu’on appelle la convivialité.