Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon chat rêve d'échasses

 
-  
Dis-moi, dit mon chat, les landais, ils gardaient toujours leurs échasses ?

-         Bien sûr, ils marchaient, ils chassaient, ils mangeaient, ils flirtaient, ils dormaient avec leurs échasses

-         Ça ne devait pas être commode

-         C’est une question d’habitude.

-         Tu es sérieux ou pas ?

-         Bon, je t’ai bien fait marcher avec mes échasses. il n’empêche que les dessinateurs aussi nous ont bien fait marcher avec leurs échasses si fines et si hautes qu’on dirait des aiguilles à tricoter.

-         C’est pour ça qu’ils tricotaient ?

-         Peut-être : ils se tricotaient des « pieds de chaussettes » pour avoir chaud aux pieds sur leurs échasses. Regarde ce chasseur. Il devait avoir un fusil sans recul et de sacrés « espédits » au pied des échasses

-         Les « espédits » ?

-         Ces renflements qui les empêchent de s’enfoncer quand le sol est trop mou.

-         Comment peut-on s’embrasser quand on est sur des échasses ?

-         Comme quand on est sur une échelle

-         Ce n’est pas un peu casse-gueule ?

-         Tu sais, quand on est jeune et équilibriste…

-         C’est à cause des doigts de pieds préhensibles comme chez les singes ?

-         Quand tu auras fini de colporter des histoires idiotes. Quoique, après tout, ce devait être de sacré équilibristes

-         Ils marchaient sur du fil de fer sans perche d’équilibre ?

-         N’exagères pas tout de même. Quand on veut s’embrasser, on y arrive toujours

-         Mais on est vu de loin dans ce pays désert.

-         Les gens ne passent pas leur temps à scruter l’horizon.

-         Les chats aussi avaient des échasses ?

-         Pourquoi pas les souris ?

-         Mais s’il y avait de l’eau partout, les chats ne pouvaient pas sortir sans échasse.

-         Ils restaient près de l’âtre et le soir, on les mettait à la porte pour qu’ils n’aillent pas se rouler dans les braises et mettre le feu à toute la maison.

-         Ah, le feu, la hantise des landes, même là où il n’y a rien.

-         Parce que le sol aussi brûle. Quand ce n’est pas du sable, c’est de la tourbe, autant dire de l’étoupe.

-         Ce doit être un pays pauvre.

-         On a même fait une brochure pour dire comment on pouvait utiliser des indigents pour fertiliser les Landes.

-         Qu’est qu’elle disait, cette brochure ?

-         « Qu’on ne peut interdire la charité sans secourir les mendiants mais par le mot secours, on ne doit pas entendre ces aumônes qu’une pitié mal entendue prodigue à la paresse ».

-         Personne ne faisait la charité façon restos du cœur ?

-         Je t’ai bien  raconté qu’un jour, une jeune femme de roman du XVIIIè siècle, dit qu’elle préférait sa propriété des Landes à celle du Médoc parce que dans les Landes, elle pouvait faire la charité comme ses parents lui avaient appris à la faire

-         Comme la comtesse de Ségur dans les bergeries ?

-         C’était bien avant les petites filles modèles. Disons plutôt comme les pieuses d’aujourd’hui quand elles voient leurs pauvres.

-         On visite toujours ses pauvres ?

-         Non, elles se sont mis au goût du jour, elles ne les visitent plus, elles les reçoivent.

-         Quelle différence fais-tu ?

-         C’est qu’elles se fatiguent moins et qu’elles font la charité avec l’argent des autres.

-         C’est plus des riches qui font la charité ?

-         Si : ils sont présidents d’associations caritatives. Ça flatte leur égo, ça les rassure dans leur mode de vie et ils savent comment faire pour tirer de l’argent des autres afin de placer le leur en bourse quand elle ne dégringole pas.

-          Comment vivaient les landaises autrefois? Elles devaient être bien isolées.

-         Elles aimaient danser et boire.

-         On m’a toujours dit qu’il fallait boire

-         Pas n’importe quoi.

-         Bien sûr.

-         Quand elles avaient bien dansé et bien bu elles titubaient un peu sur leurs échasses ; elles avaient besoin d’une conduite accompagnée.

-         Accompagnée par qui ?

-         Par leurs amoureux.

-         Pourquoi buvaient-elles ?

-         Parce qu’elles dansaient, que danser donne chaud et le chaud donne soif.

-         Danser et boire sur des échasses, ce n’est pas évident.

-         Tu n’as pas vu les jeunes d’aujourd’hui ? Ils boivent des canettes de bière tout en roulant sur leurs rollers et même qu’ils téléphonent, ce que ne faisaient pas les Landais.

-         Mais ils ne s’embrassent pas en rollers

-         Tu ne les vois pas parce qu’ils vont trop vite.

 Chat de Régine Rosenthal

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
K
Un chat échassier ! ce serait drôle d'en voir un !!!
Répondre
A
Et un chat sur des échasses tu en as vu ?
Répondre
L
bonsoir Charles<br /> mais oui les échasses !!! ils naissaient avec ou presque !!!<br /> une époque oubliée - à part dans quelques foires ou l'on peut voir quelques pas d'un <br /> artiste des rues - c'est tout <br /> merci de nous remémorer cette mode disparue !!<br /> amitiés Lady Marianne
Répondre
E
J'aimerais bien voir ton chat sur des échasses.
Répondre
Q
Vous n'y allez pas de main morte... <br /> <br /> Mais je manque de données pour vous répondre. Alors, en ce qui concerne les associations caritatives et leur façon de gérer leurs fonds, je ne dirai rien.<br /> <br /> Pour les échasses, vous m'aviez promis une suite et je ne suis pas déçue. :))<br /> <br /> L'imagerie populaire est encore très présente. Les échasses sont passées dans le domaine du spectacle. Y en a-til encore dans la réalité landaise ?
Répondre