La Corse est une île tragique. La Vierge de Calvi se meurt de sept poignards enfoncés dans son coeur : quatre d'un côté, trois de l'autre. La Corse a pris au sérieux les sept douleurs qui
sont de tous les temps et de tous les pays.
Il y a là le poignard de glace, l'angoisse des prophéties de Cassandre et de Simon, le poignard d'airain levé sur les foules éperdues qui fuient une guerre qui les rattrape toujours, le poignard
de feu qui perce les innocents, le poignard d'échardes qui ravage le coeur des mères d'enfants en fugue, le poignard de verre où se réflètent les crimes et les difficultés de la vie, le poignard
d'acier, le plus commun, poignard de la médisance et de la torture, le poignard de pierre, qui retombe sur l'homme à sa mort.
Elles sont toutes là, les douleurs sociales que nous transposons à nos misères, de l'exil à la mort, du jugement à la crucifixion, de l'angoisse au désespoir.