- Quand je suis arrivé à Marseille, le port était fermé.
- Le port de Marseille?
- Oui, l'annexe de Fos
- Et pas la Cannebière?
- Non, la Joliette non plus quoique...
- Quoique quoi?
- Le matin, quelques milliers de passagers arrivé à Marseille ont dû débarquer à la chaloupe, leur navire restant au large.
- C'étaient des chat-loupés?
- Si tu fais des astuces, maintenant...
- Les marins étaient en grève.
- Pas les marins, les dockers.
- Alors tu en as vu des marins.
- Oh, tu sais, ils se faisaient discrets : il n'y en avait aucun au restaurant du Pascal Paoli.
- C'est fini le temps où l'on mangeait à la table du capitaine.
- Mais de là à se servir soi-même au buffet du plus grand restaurant du plus grand bateau de la grande SNCM, au prix d'un restaurant quatre étoiles, faut le faire.
- Comment auraient-ils pu te servir, les marins d'aujourd'hui n'ont plus le pied marin.
- Et les passagers, ils doivent l'avoir
- Oui, bien sûr, s'ils prennent la mer.
- Alors les marins, ils font quoi, les marins, tu sais ce qu'ils aiment?
-Appuyés au bastinguage, ils aiment regarder l'eau en pensant aux belles qu'ils abandonnent.
- Tu crois çà, toi?
- Ils aiment quoi, alors, les marins.
- Les marins, je vais te le dire, moi. Les marins, ils aiment leur lit.
- C'est pour çà qu'ils avaient fermé le pont cinq?