- Alors, tu as essayé tes griffes sur notre maître ?
- Oui il m’a mis sur un meuble d’où je ne pouvais pas descendre et, pour me punir…
- Pour te punir, qu’est-ce qu’il a fait ?
- Il a mis un chat contre moi.
- Un chat contre toi ? Un gros chat ?
- Non, un petit chat qui me ressemblait, mais me ressemblait…
- Comme deux gouttes d’eau
- Je ne suis pas une goutte d’eau, moi, il me faut un peu de lait première enfance
- Et qu’est-ce qu’il a fait ce chat en face de toi ?
- Exactement comme moi. Quand je lui donnais un coup de patte, il me donnait un coup de patte, quand je lui donnais un coup de tête, il me donnait un coup de tête, quand je faisais semblant de m’éloigner…
- Il faisait semblant de s’éloigner.
- Exactement. Comment le sais-tu ?
- Tu devais te trouver devant la glace qu’il y a sur le buffet provençal de la salle à manger.
- Une glace, qu’est-ce que c’est que çà ?
- C’est comme une fenêtre qu’on croit ouverte et qui est fermée
- Mais le chat d’en face, il venait d’où ? Il était dehors ?
- C’était toi le chat d’en face.
- Je ne peux pas être en deux endroits à la fois.
- Çà, c’est de la philo : le réel et le virtuel. Tu apprendras.
- Quand çà ?
- Quand tu iras en classe.
- En attendant, je pourrai regarder de l’autre côté de la glace comment il est, ce chat de derrière la glace ?
- Non, derrière la glace il y a le mur
- Le chat d’en face, c’est un fantôme ? Un perceur de murailles ?
- Non, puisque je te dis que c’est un chat virtuel
- Un chat virtuel, qu’est-ce que c’est ?
- Un chat qui n’est pas un chat
- Alors je préfère que ce soit lui qui soit virtuel, et pas moi.