- Qu’est-ce que ce feuillet que tu tiens à la main ?
- Un poème de Charles Cros.
- Encore ?
- Là il s’agit d’un chat noir qui couche avec son maître
- Une histoire de zoophilie, sûrement.
- Je ne te demande pas si tu couches avec ta maîtresse
- C’est en tout bien tout honneur
- Ce n’est pas parce que je suis jeune qu’il faut me charger de tous les péchés du monde. Je n’ai pas eu le temps d’en faire autant que toi.
- Que dit-il, ton poème ?
Endormons-nous, petit chat noir
Voici que j’ai mis l’éteignoir
Sur la chandelle.
Tu vas penser à des oiseaux
Sous bois, à de félins museaux…
Moi rêver d’Elle
Nous n’avons pas pris de café
Et, dans notre lit bien chauffé
(Qui veille pleure)
Nous dormirons pattes dans bras
Pendant que tu ronronneras,
J’oublierai l’heure
………
Si tu t’éveilles en sursaut
Griffé, mordu, tombant de haut
Du toit, moi-même
Je mourrai sous le coup félon
D’une épée au bout du bras long
Du fat qui l’aime.
Puis, hors du lit, au matin gris,
Nous chercherons, toi, des souris
Moi, des liquides
qui nous fassent oublier tout
Car, au fond, l’homme et le matou
Sont bien stupides.
- Une chatte blanche l’autre jour, un chat noir aujourd’hui, qu’est-ce que c’est que ce mélange ?
- Du noir et blanc. Ça ne te plaît pas ?
- C’est destiné à quelque bas-bleu encore
- Non au comte de Trévelec. Çà s’appelle Berceuse et c’est dans « Drames et fantaisies » un chapitre du « coffret de Santal ».
« Joujou, pipi, caca, dodo,
Do, ré, mi, fa, sol, do...“
-
Parles-moi normalement. Je ne suis pas un hydropathe, moi, rien qu’un vulgaire quatre pattes.
Photographies de Régine Rosenthal