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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 06:45

2-copie-2.jpgAllons, Mije, il faut te lever.

- Pour quoi faire?

Pour aller signer

- Où çà?

- Au Moulleau, sur la jetée.
- J'aime ces signatures de plein vent. Je sens que mes pensionnaires de maisons de retraite vont revivre.aujourd'hui et demain. Les vieillards malfaisants n'ont pas fini de faire parler d'eux.

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 08:24

Mitge-chatte-Isabelle-AF 8825- Tu as vu, Mije, il y a encore des porteurs de valises.

- Autrefois, il y avait des valises en carton, puis des valises diplomatiques. Tu crois qu'elles sont en croco maintenant? Ce doit être lourd à porter!

- Il y a des valises à roulettes

Pour le casino? Pour jouer à la roulette?

- Non pour la facilité. On peut porter toujours plus.

- C'est bien vrai qu'on n'arrête pas le progrès.

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 06:17

la pinasse« Tu sais, petit (il commençait toujours ainsi), l’appareillage d’un bateau c’est pareil à la toilette de la mariée. Tout le monde s’y met comme s’ils devaient tous coucher avec[1]. On sait bien pourtant que ce n’est rien que des rêves de matelots. La preuve, c’est qu’on était quelques-uns à prendre un solide acompte et qu’on nous embarquait la tête la première quand nous finissions par trouver le bateau[2].

« Quand on regarde depuis la terre, on peut toujours avoir des idées de terriens,  pleurer sa vieille mère ou trouver beaux les goélands lorsqu’ils crient leurs fantasmes de crânes défoncés et d’yeux arrachés dans les vagues : ça n’a jamais empêché un marin de partir. Surtout pour aller aux îles[3].

« Les terriens croient toujours que l’Océan, c’est ce qui est en bordure d’un continent. Nous savons bien, nous autres, que c’est la terre qui est tout autour des mers et même quelquefois au milieu, comme les îles. Un marin ne réalise jamais vers quelle île il navigue. C’est pourquoi il se fait des idées : îles à Robinson, îles à corsaires, îles de filles qui attendent avec des fleurs plein les bras et des lits profonds comme des hamacs. Et quelquefois il rêve à des belles qui sont abandonnées dans leur amour blessé. Alors, petit, les marins se font les grands consolateurs des femmes par devant l’Eternel.

céramique de Nicole Chatignol

[1] « Dans le port, la Dévorante, se peigne les cheveux de corde avec une grand vergue d’écaille. Elle a une robe de goudron, et un gouvernail délicat au bout du sein. Des matelots insignifiants exécutent des manœuvres obscènes sur son dos. »  Joseph Delteil, Choléra, chapitre XV, « Milady »

[2] « Tout ce qui pouvait se tenir un brin sur les pattes de derrière, par les sabords ; le reste, avec le palan de bout de vergue comme les moutons et les porcs. Mais faut être juste avec tout le monde, les porcs d’abord, ils sont moins cochons ». Jal, tome I

[3] « Mais voici que la Dévorante appareille. Luc se tient sur le quai, un petit miroir à la main. Son complet de flanelle crue s’ajuste à ses songes de mousse plein d’île ; un minuscule baluchon à carreaux brinquebale sur son épaule ». Joseph Delteil Choléra.

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 06:30

-          Alors, mon chat, quel texte as-tu à me donnr aujourd’hui ?

-          Rien de spécial. Et toi ?Amour de chat

-          J’ai envie de parler de l’avarice.

-          Un rat ? Ne compte pas sur moi pour çà.

-          Je me lance.

 

L’avarice

 

 

 

Il a invité quelques convives à goûter des fruits de mer . Il ne veut pas de homards, de langoustes, de crabes ni même de langoustines, à cause des pinces provocantes, pas de crevettes roses bonbon, qui sont friandises enfantines, pas d’huîtres non plus, trop grasses, provocantes, dispendieuses. Il aime bien qu’elles s’enferment dans un coffre-fort mais pourquoi ont-elles besoin d’en nacrer l’intérieur ? Pas étonnant qu’on les vole, qu’on les force, qu’on les viole. Sa cassette à lui, il la veut terne plutôt qu’irisée, même à l’intérieur. Étaler ses richesses, c’est trop d’indécence !

 Il aime bien les bulots, à cause de l’opercule sous lequel il cache ses secrets. Il apprécie leur aspect rocailleux mais il préfère les bigorneaux : il en a beaucoup plus pour le même prix et on met plus de temps à les extirper de leur coquille, un temps infini, convivial, pareil à celui d’un interminable repas. Une épingle suffit. De toute façon il reste toujours un peu de bigorneau dans le fond en colimaçon.. Les convives ne pensent qu’à mâcher : çà fait manger du pain et c’est moins cher que les fruits de mer. 

Le soir, quand les convives sont partis, il récupère les coquilles ; il les concasse ; il en retire les bouts de tortillons, assez pour se régaler, en solitaire, du meilleur du bigorneau. Il n’a pas tout perdu.

 

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 07:50

1-copie-6.jpg-         Tu as vu, m’as dit Mouss’, hier soir, la Tour Eiffel était en panne.

      -         Comment en panne ?

      -         Oui, elle était toute noire.

      -         Ce n’est que çà ? Hier c’était un jour sans.

      -         Sans viande ?

      -         Non, c’est fini, çà, sans lumière et il n’y a pas qu’elle qui était dans le noir. Tous les monuments, dans le monde entier, ont été éteints.

      -         Pourquoi ?

      -         Pour retarder le réchauffement de la planète.

      -         C’est çà qu’on appelle des économies de bouts de chandelles ?
-         Pas de chandelles, d’électricité.

      -         Çà commence comme çà : une heure, puis un jour, puis un mois, puis tout le temps. Est-ce qu’il va falloir peindre en bleu les bords de fenêtre ?

-         Non, çà c’était pour que la lumière ne se voit pas depuis l’extérieur. Même pendant la guerre on ne nous a jamais interdit d’allumer, on nous coupait plutôt le courant. C’était plus efficace.

-         C’était pour retarder le réchauffement de la planète ?

-         On ne peut pas dire vraiment çà. Pour l’instant on s’est borné à faire éteindre tout ce qui est public.

-         On a coupé la lumière au Parc des Princes ?

-         Dis-moi, Mouss’, tu saurais jouer au foot sans voir le ballon, toi ?

-         C’est vrai. On aurait pu couper la télévision.

-         Avec tous ceux qui attendaient devant leur poste pour voir le matche de leur vie, ce n’est pas une révolte qu’on risquait mais une révolution. Et puis…

-         Et puis quoi ?

-         Si tu coupes la télé une heure, un jour, il y a des téléspectateurs qui risquent de ne jamais y revenir.

-         Comme aux urnes ?

-         Comme aux urnes.

Les abstentionnistes au fond, c'étaient des précurseurs ?
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