Le vent s’était levé tout à coup ce jour là, secouant la mer d’inquiétante façon. Antoine, qui était allongé à son habitude entre deux dunes où les oyats[1] chassaient sur les grains en longues traces lisses, la voyait danser d’étrange manière. Pire, le sable de la plage avançait en un mur qui noyait les formes de la mer comme celles de la terre. C’est alors qu’il perçut un curieux navire qui ressemblait à un bateau d’autrefois, les voiles pleines de vent à en péter et les mâts emboîtés secoués comme de simples fétus. Des cris montaient de ce navire en détresse, qui semblait sortir tout droit d’un océan d’un autre monde.
Ce soir là, quand il rejoignit son foyer, il reçut la plus mémorable des corrections, une de ces punitions dont l’exemplarité se mesurait à l’intensité de la frousse rétrospective des parents. C’était une de ces habitudes rétrogrades que les jeunes enfants d’aujourd’hui ne peuvent comprendre.
Observatoire marin par Nicole Chatignol (céramique)