- Il paraît qu’un photographe américain
photographie des foules en nudité.
- J’ai vu çà. Il paraît que c’est pour la bonne cause.
- C’est vrai, c’est l’habitude aujourd’hui de se déshabiller pour soutenir une cause.
- Et tu crois que çà marche ?
- Sur internet, oui, en calendriers aussi, mais je ne suis pas sûr du tout qu’on regarde ces photos pour soutenir une cause, fût-elle la meilleure du monde.
- Il paraît que çà focalise l'intérêt de ceux qui les regardent sur l’un des grands thèmes choisis : le réchauffement de la planète, le soutien aux vignerons de Bourgogne, l’indécence des manteaux de fourrure…
- Tu crois vraiment que c'est pour çà qu'ils les regardent sur les glaciers, l’hiver, au milieu des vignes pour la vendange, dans les rues commerçantes au moment de Noël – manifester contre tout ce qui est indécent.
- Parce que se faire photographier à poil, c’est lutter contre l’indécence ?
- C’est un peu ce qu’ils pensent, ceux qui se déshabillent.
- Autrefois c’est en montrant son derrière qu’on manifestait son opposition. Aujourd’hui s’est en effeuillant la marguerite et en se pavanant tout nu...
- Et tu crois qu’en se promenant ainsi ces gens là vont résoudre leurs problèmes ?
- En tous les cas, c’est une manif qui se voie.
- Où çà ?
- Sur internet.
- Crois-tu qu’il y ait un sondage des renseignements généraux ?
- Sûrement, ils comptent tout avec leurs petites machines à calculer.
- C’est moins le nombre qui compte que l’acte lui même de se pavaner nu.
- Tu vois, Mouss’, je ne suis pas absolument contre mais dans ma petite tête de chat je ne peux pas penser que les grands problèmes se résolvent ainsi.
- D’autant plus que toi, avec ta queue en panache et tes longs poils, tu ne surprendrais personne.
- Et que je ne peux pas résoudre les grands problèmes tout seul.
- Tu crois que si les représentants de tous les pays du monde s’étaient mis tout nus à Copenhague…
- Il faudra voir çà à la prochaine conférence.
- Il vaudrait mieux qu’ils choisissent l’été, et la Riviéra, par exemple.
- L’été, là-bas, çà risquera de passer inaperçu.
- En tout cas, cet hiver les femmes ont repris les manteaux de fourrure.
- Bah ! Elles se déshabilleront quand le moment sera venu.
De toute façon, ce n’est pas une question pour chats, çà.Photographies Régine Rosenthal