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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 07:25

-         Tu as vu cette journée du patrimoine ?

-         Bof…

-         Ça ne te plait pas ?

-         Si mais un jour ça ne suffit pas. J’ai couru partout et je n’ai rien vu à fond.

-         Ne t’inquiètes pas, il ne s’en va pas le patrimoine. Ce que tu n’as pas vu, tu le verra l’an prochain.

-         Pourquoi ne fêter le patrimoine qu’un jour ?

-         Parce qu’il faut les autres jours pour les mères, les pères, les grand-mères, les enfants, halloween,… et toutes les courses, les quêtes, les brocantes caritatives, le loto de soutien  etc…

-         Tu n’aimes pas ça ?

-         Si mais ça libère drôlement les conscience de ne penser qu’à une question par jour. Après, on peut ne plus y penser.

-         Tu as vu, on a ouvert les blockhaus

-         Parce qu’ils étaient fermés ?

-         Non mais personne n’allait les voir

-         Les blockhaus, c’est un patrimoine allemand ?

-         Un patrimoine de l’humanité, tu veux dire ?

-         Tu appelles ça l’humanité, un souvenir de guerre ?

-         C’est pour « garder mémoire » comme on dit

-         Parce que tu as peur de l’Alzheimer historique?

-         Mais qu’est-ce que c’est, alors, que le patrimoine ?

-         Le Ministre a dit que c’est ce qui t’appartient.

-         Mais je n’ai rien, moi.

-         Mais ce qu’a fait ton père, ce qu’ont fait tes ancêtres ?

-         Il y a longtemps qu’on me l’a pris. Et quand ils ne l’ont pas encore, ils ne pensent qu’à m’en dépouiller.

-         Les vieux outils aussi font partie du patrimoine.

-         Les outils de mon père pour amuser les enfants de ceux qui les méprisaient autrefois ?

-         On n’a jamais méprisé les travail ni les travailleurs.

-         On voit que tu n’écoutes pas aux portes des salons.

-         Non mais j’écoute la radio et les media

-         Mais ils ne disent que la mode, le scoop, ce qui te gratte dans le sens du poil, un jour une chose, l’autre jour une autre.

-         Ils appellent ça l’information. C’est pas vrai, alors ?

-         Si c’est vrai mais à la sauce media. Ils pensent que ça donne du goût.

-         Alors le patrimoine, c’est une recette ?

-         Quelque chose que tu vois tous les jours, un témoin du passé, une rencontre avec ce qu’il y a de plus beau dans ta région.

-         L’occasion de faire la fête ?

-         Et d’aller voir les musées.

-         Parce que les musées sont fermés les autres jours ?


Photographies de Régine Rosenthal 

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20 septembre 2009 7 20 /09 /septembre /2009 06:52

-         C’est aujourd’hui que tu donne le prix de ‘l’Académie ?

-         Oui, c’est aujourd’hui.

-         À qui le donnes-tu ?

-         À un livre sur les oiseaux.

-         Les oiseaux ? En quoi ils t’intéressent les oiseaux ?

-         À cause des plumes.

-         Pourquoi des plumes ?

-         C’est très utile les plumes :  la plume d’oie pour écrire (ce qui prouve que les oies ne sont pas si bêtes que ça) et la plume de bécasse pour peindre (ce qui prouve que les bécasses aiment l’art)

-         Et les plumes d’autruche ?

-         Celles-là il vaut mieux ne pas en parler.

-         Le reste de l’oiseau, qu’en fais-tu ?

-         Rien de bien intéressant.

-         J’ai vu ce livre « Instants d’Oiseaux » : ce sont les photos qui t’intéressent ?

-         J’avoue qu’elle sont alléchantes.

En fait mon chat aime surtout l’ambiance des salons littéraires. Il se pavane comme un vieil auteur sur le retour.

-         Tu as fini de bomber le torse ?

-         C’est pour la médaille

-         Quelle médaille ?

-         Celles des arts et lettres

-         Mais ce n’est pas à toi qu’on va la donner. La médaille des arts et lettres, c’est pour les libraires, les douaniers, les gardiens de musée, tous ceux qui ont œuvré en dehors des arts et à proximité des lettres, des sociétés, des fraternelles et des associations.

-         Les facteurs n’en ont pas !

-         Ne va pas compliquer les problèmes de la poste, ça suffit comme ça.

-         Mais qu’est-ce que c’est un vieil auteur ?

-         Un auteur reconnu depuis longtemps

-         Depuis quand ?

-         Depuis qu’il a publié un best-seller

-         Et qu’est-ce que c’est un best-seller ?

-         Un livre écrit par un « nègre » pour le compte d’un homme connu et diffusé par une maison d’édition reconnue.

-         Une maison d’édition reconnue ?

-         Oui une maison d’édition qui prend ses lecteurs de manuscrits parmi les critiques des journaux influents. Comme ça, ils sont sûrs que la publicité du livre sera bien faite.

-         Connu, reconnu, influent… Il y a plein de mots que je comprends pas là dedans

-         Parce que tu ne vis pas à Paris et que tu n’as jamais rien compris au microcosme des lettres.

 

Rien de tout cela n’a empêché mon chat, la truffe en éveil et les moustaches en bataille, de donner son prix avec une dignité très provinciale.

Photographies de Régine Rosenthal
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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 07:40

-         Ça y est, les souris sont mortes et les huîtres sont interdites.

-         Quelles souris et quelles huîtres ? dit mon chat

-         Les souris du Mans et les huîtres du Bassin d’Arcachon

-         Comment se sont-elles rencontrées ?

-         A Maisons-Alfort. C’est normal pour des animaux.

-         Si les souris sont mortes, c’est qu’il y a des souris qui meurent quand on leur inocule des huîtres. On n’a qu’à arrêter de leur en inoculer.

-         Oui mais comment saura-t-on si les huîtres sont nocives pour les hommes ?

-         On n’a qu’à en inoculer aux hommes.

-         Les hommes en ont mangé et il ne s’est rien passé.

-         Mais c’était interdit

-         De ne pas trouver d'huître nocive?

-         Non de manger des huîtres, toxiques ou pas..

-         Et si l’eau est toxique, que faut-il faire ?

-         Interdire les bains

-         Et si on ne peut plus cultiver d’huîtres en raison des interdictions répétées sans raisons ?

-         On supprime les ostréiculteurs

-         Ça, c’est pas possible, ils sont trop nombreux.

-         On l’a bien fait pour les ostréiculteurs de l’estuaire de la Gironde.

-         Mais si on supprime les ostréiculteurs, il faut supprimer les cabanes puisqu’elles n’étaient accordées que pour le travail des huîtres.

-         J’en connais qui vont râler, ils espéraient déjà leur piquer une cabane au bord de l’eau

-         Des SDF ?

-         Non des pipoles.

-         Et les bateaux, tu les supprime ?

-         S’ils polluent l’air, ils doivent polluer l’eau. Je parie qu’ils n’ont même pas la pastille verte.

-         S’il n’y a plus ni bains, ni ostréiculteurs, ni cabanes, rien que des bateaux au corps mort qui cachent l’eau, que va devenir le Bassin d’Arcachon?

-         Le terminal pétrolier que le Verdon a refusé

-         Mais le Verdon veut un terminal

-         Un terminal pétrolier ?

-         Non, un terminal viticole.

-         Le vin part pour qu’on puisse remplir les caves de mazout ?

-         C’est le système sanguin de la Gironde : la grande et la petite circulation économique.

-         Tu galèges ou tu l’as rêvé ?

-         Je fais de la prospective.

-         Et sur quoi te bases-tu ?

-         Sur les déclarations ministérielles.

Photographies de J.C. Lauchas et Régine Rosenthal

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 07:35

-         Tu causes trop, mon vieux chat, Mahina dit que tu es caustique. Tu devrais raconter des histoires pour enfants.

-         Des histoires de bagarres ?

-         Non, des histoires gentilles

-         Mais les enfants aiment la bagarre. Il suffit de regarder les jeux vidéos qu’ils achètent.

-         Tu n’as pas d’histoires de bagarres gentilles qui les sortirait de leurs jeux trop violents.

-         Hier, j’étais au marché. Il y avait une mère de famille qui, nonobstant la crise qui n’en finit pas et de la grippe porcine qui la rattrape, achetait des légumes.

 

Une maman qui faisait son marché avec ses douze enfants s’est arrêtée devant un étalage de fruits et de légumes bien rangés dans leurs casiers. Douze enfants, c’est beaucoup, mais ceux-là étaient sages. Ils ne faisaient pas plus de bruit que huit, ce qui est déjà bien..

Le potiron se laissait attendrir par un tout petit qui lui tirait la queue.

-         « Crotte » dit-il, en comptant ses côtes, quand ils s’aperçut qu’il n’avait que onze parts.

Une carotte de l’année passée, un peu dure d’oreille, le prit très mal :

-         « Qu’as-tu contre les carottes, gros bouffi ? »

-         « Je ne te parle pas, patate », a répondu le potiron.

La patate, très en colère, a injurié le potiron et la tomate, fatiguée de recevoir des postillons s’est fâchée tout rouge en leur criant :

-         « Taisez-vous donc si vous ne voulez pas avoir des pépins.»

Mais un raisin de Malaga, justement garanti sans pépins, a trouvé de très mauvais goût l’intervention de la tomate.

-         « Quelle salade », dit un navet qui était tombé sur le nez en écrasant une point d’asperge.

C’est à partir de ce moment-là que la bagarre est devenue générale. On a vu les artichauts gifler de toutes les feuilles une aubergine tandis qu’en se raidissant un concombre a chiffonné une salade frisée. La laitue est tombée dans les pommes en recevant un chou pommé qu’avait bousculé un poireau. Les avocats qui péroraient ne voulaient pas lâcher les poires et les citrons pressés d’en finir giclaient de tous leurs zestes sur les blettes.

-         « Vous voulez bien vous taire dit une orange qui était tombée par terre, vous êtes de bien mauvais exemples pour ces enfants » !

Elle fut mal récompensée. En refoulant les bagarreurs dans leurs casiers, le marchand a foulé l’orange aux pieds

Mais il ne l’a pas fait exprès.

 

-         C’est pour ça que ton chat trône dans les poubelles ? Tu crois que les enfants vont aimer ça ?

-         C’est à mes lecteurs de le dire.




Photographies Jean Nogrady et Régine Rosenthal

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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 06:16

-     Alors, tu es toujours vivant ?

-       -       Je ne suis pas suicidaire, moi.

      -         Le Directeur de France-Télécom a dit que le suicide était une mode

     -         Mais je n’ai jamais suivi la mode. Les employés de France-Télécom non plus. Qu’est-ce qu’il attend pour la suivre, lui qui en parle si bien ?

-      -        Si ce n’est pas une mode, c’est quoi, alors ?

      -         Une autre façon de travailler, peut-être.

-         Un sociologue a dit à la télé que c’est parce que les employés sont passés de l’état de fonctionnaire à l’état de travailleur normal.

-         Il n’a jamais dû été fonctionnaire…

-         Ni travailleur normal

-         Mais c’est normal que pour en parler, on fasse appel à quelqu’un qui n’a été ni fonctionnaire ni travailleur : on parle toujours mieux de ce qu’on ne connaît pas.

-         Pourquoi ?

-         On ne voit jamais rien quand on est dans l’action. Regarde Fabrice des Dongo il n’a rien vu de la bataille de Waterloo alors que les historiens en parlent si bien.

-         Oui mais les employés de France-Télécom voient bien qu’ils ont la maison à payer, les traites à honorer et qu’on veut les délocaliser.

-         Délocaliser, qu’est-ce que ça veut dire ?

-         C’est un nouveau mot qui veut dire déplacer, envoyer loin de chez soi, de son local, si tu veux. Mais je te rasure, on ne fait rien sans un plan social.

-         Un plan social qu’est-ce que c’est ?

-         L’organisation du renvoi des inutiles

-         Pace qu’il y a des inutiles à France Télécom ?

-         Il y en aura

-         Pourquoi ?

-         A cause du progrès.

-         Je croyais que le progrès c’était l’harmonie dans le travail comme dans la vie.

-         On ne peut pas créer l’harmonie pour tous

-         Pourquoi donc ?

-         Parce que c’est contraire au profit

-         Le profit pour qui?

-         Pour la société. Les temps sont durs, il faut se battre. La concurrence est rude.

-         Qu’est-ce qu’on demande aux employés qui restent ?

-         De devenir des conseillers battants.

-         Mais ils ont toujours été des conseillers

-         Oui mais, autrefois, ils donnaient des conseils, maintenant ils doivent amener des clients

-         Ce n’est pas pareil ?

-         C’est diamétralement opposé. . Ils faisaient leur travail en conscience, maintenant ils ont parfois des remords d’avoir entraîné des clients là où ils ne voulaient pas aller.

-         Se battre, comme tu dis, c’est quoi, pour le PDG ?

-         Éliminer ceux qui vous ont aidé jusqu’alors, ceux qui ont fait du téléphone ce qu’il est devenu, ceux sans qui l’entreprise n’aurait pas perduré … mais qui ne veulent pas comprendre pourquoi on les sacrifie. On dit que c’est nécessaire.

-         Qui, on ?

-         Ceux qui aiment les combats de sociétés comme on aime les combats de coqs.

-         Qu’est-ce qu’on leur demande ?

-         De réfléchir à l’avenir des sociétés qu’ils dirigent.

-         Qu’est-ce que ça serait s’ils ne réfléchissaient pas ?

Photographies de jean Nogrady

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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 06:41

-         C’est vrai que tu ne veux plus parler ?

-         Je ne veux plus parler, un point c’est tout.

-         Et pourquoi ?

-         Parce que si je parle on tombe sur moi à bras raccourci

-         Et tu n’aimes pas ça ?

-         Tu as vu un chat courir devant une concierge qui le menace du balai ? Tu aimerais ça, toi ?

-         Voilà que tu dis du mal des concierges, maintenant.

-         C’est pour ça que je ne veux rien dire. Je ne peux parler ni des concierges (il n’y en a d’ailleurs plus) ni des grosses, ni des maigres, ni des blondes, ni des brunes…

-         Rien que des femmes, tu ne serait pas un peu macho par hasard ?

-         Si tu t’y mets, toi aussi. Je ne parlerai ni des fonctionnaires, ni des prolétaires, ni des professeurs, ni des banquiers, ni des frères, ni des imams, ni des rabbins, ni des pasteurs, ni des curés, même pas de la scientologie.

-         Adieu sotties et fabliaux, enfoncés Molière et Labiche, expurgés les vieux livres, brûlés les libelles, chassés les chansonniers…

-         Les chansonniers, je peux, si je ne parles que de sexe. C’est très à la mode, tu sais.

-         Alors, fais-toi chansonnier.

-         Je ne parlerai plus de rien. Si c’est moi qui parles, on trouvera à redire

-         J’avoue que notre époque est ainsi faite qu’on te surveille et qu’on te traque jusque dans les meetings qui sont nos salons politiques, jusque dans les plus secrets et intimes des lieux..

-         Ce ne sont plus des brèves de comptoir, ce sont des ragots de pissotières. On les trouve à droite contre la gauche, à gauche contre la droite, au centre selon les humeurs et chez les extrêmes contre tout le monde.

-         Si tu ne parles ni de négriers, ni des conquêtes coloniales, tu peux essayer.

-         Ah non, je m’en garderai bien : on a tout changé : les négriers sont devenus des marchands d’armes ou de gros industriels asiatiques qui gagnent gros pour qu’on dépense plus en payant moins, les colonisateurs ont laissé la place aux ONG qui portent chez les autres le blé  les médicaments et les bienfaits de notre civilisation mais je ne sais pas encore ce qu’on en dira dans dix ou vingt ans. Je préfère attendre pour juger. Je me retire en attendant…

-         En attendant quoi ?

-         Que l’on me dise ce qu’il faudra en penser au cas où je me laisserais tenter par l’Almanach Vermot ou quelque plaisanterie douteuse. Depuis l’affaire Hortefeux on ne peut parler ni des Auvergnats, ni des Bretons, ni des Corses.

-         Si, les Corses, tu peux, ils ne sont pas encore classés dans les espèces à protéger.

Et je vis mon chat s’entourer d’un cordon Bedford.
- Pourquoi te mets-tu là dedans
- Pour me faire sauter. Le stress au boulot, tu ne connais pas?




Photographies de Jean Nogrady
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 06:44

 

Mon chat ronronnait.

-         Raconte moi une histoire dit l’enfant.

-         Quel type d’histoire dit mon chat

-         Une histoire gentille dit l’enfant : celle du petit nuage errant.

 

Mon chat a commencé tout doucement, pour ne pas réveiller le rêve de l’enfant :

 

«  C’était un petit nuage blond, tout rond comme une pomme d’api soufflée, un nuage très timide qui rougissait pour un oui, pour un non. Il aimait bien les bonnes brises qui le portaient gentiment. Il n’aimait pas les vents violents, ni les nuages…menaçants, comme disent les grandes personnes. Il avait horreur des gros noirs qui se disputent tout le temps. Aussi, quand il sentait monter l’orage, il s’en allait très loin sur la pointe des pieds.

 

Il était triste d’être errant pour rien. Il rêvait d’être utile mais il ne savait pas comment. Un jour qu’il a voulu tomber en pluie sur des enfants qui s’amusaient à faire des pâtés de sable, il a craint de les déranger et s’est enfui en soupirant. On lui avait parlé des pays chauds où les hommes font des prières pour avoir de la pluie. Être ici ou là, qu’importe quand on est un nuage errant. Mais le petit nuage, vraiment, n’a pas le goût de l’aventure. Et puis, la chaleur, pour un nuage, ce n’est pas très recommandé.

 

Un matin qu’il se lamentait et qu’il sentit un rayon chauffer tout doucement deux grosses larmes sur ses joues rebondies, il lui est venu une idée : celle d’être, à l’aurore,  le compagnon du soleil levant pour être le premier à renvoyer sur un monde mal éveillé les couleurs roses et dorées des matins mouillés.

C’est très utile la beauté dans un monde dur et méchant. »

Et l’enfant s’est endormi entre les pattes de mon chat.

Photographies (et enfant) de Christelle Daniel.

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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 06:46

Mon chat a vu des touristes se promener dans la ville et s’en étonne

-         Des touristes, en fin de saison ?

-         Ce sont des touristes culturels.

-         Oui, je sais ce que tu vas me dire : ils sont allés à l’école, ils reconnaissent le beau et c’est pour ça qu’ils dévalisent les marchands de souvenirs.

-         Rien que du faux.

-         Le faux est plus durable que le vrai. Il a toujours servi dans les écoles. Il sert d’exemple.

-         Il ne faut pas leur en vouloir. Ils sont venus pour le souvenir. Il leur faut rapporter des preuves.

-         Pour le paysage ils ont les photos, qu’ils font pour les garder, et les cartes postales qu’ils achètent pour les envoyer. Les souvenirs, ils ne les trouveront pas deux fois pareils et ils se dépêchent de les acheter entre deux pas de charge menés par des guides au bâton empanaché de rubans mieux que le casque d’Henri IV à la bataille d’Ivry sauf que le panache, s’il est toujours visible, n’est pas toujours blanc..

-         Ce qu’ils ont vu était beau mais le vrai, c’est trop cher.

-         À l’école ce n’était pas toujours beau. Et puis l’école c’est loin et tout le monde n’est pas curieux.

-         Curieux de quoi ?

-         Des hôtels, des tour operators, des guides qui leur disent plein de choses. De tout ce qui meuble les souvenirs des touristes.

-         Parce qu’ils ont des guides parlants en plus de leurs guides empanachés ?.

-         Pourquoi n’en auraient-ils pas ?

-         Parce qu’ils ont de bons guides écrits

-         Mais ils n’ont pas le temps de lire en visitant ! Ils sont comme cet anglais en croisière qui ne pouvait pas faire deux choses à la fois.

-         Que faisait-il ?

-         Il voyageait. Comme lui, nos touristes voyagent et ne lisent pas.

-         Ils n’achètent pas de livres sur les pays qu’ils visitent ?

-         Pour quoi faire puisqu’on leur montre tout. 

-         Tout quoi ?

-         Tout ce qu’on leur a promis et ce pour quoi ils ont payé. 

-         Que leur manque-t-il ?

-         De voir le patrimoine

-         Parce qu’ils ne l’ont pas vu ?

-         Bien sûr que non, le patrimoine n’est programmé qu’en septembre.

-         Pour l’arrière-saison ?

-         Septembre, c’est la saison de rattrapage.

 


Photographies de Régine Rosenthal
Céramique de Nicole Chatignol
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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 07:10

Mon chat se prélasse, se délasse, se libère du carcan d’une éducation trop rigide comme un corset trop serré. Il se délace, C’est la fin de l’été. Alors, comme il l’a vu faire sur la plage des foules insolentes d’abandons calculés, il prend cet air alangui qui allait si bien aux désœuvrées des bords de mer. Il prend ses poses, se repose, étire une patte, puis l’autre, lorgne du coin de l’œil si quelqu’un le regarde à la façon de ces athlètes qui ne se sentent jamais aussi bien que lorsqu’ils sont admirés.

Et nous les admirons, nos chats. Ils nous amusent avec leurs attitudes langoureuses. Ils sont voluptueux. Nous les aimons parce que nous aimerions être à leur place. Nous les jalousons comme si leur vue déclenchait en nous quelque regret étouffé, quelqu’envie soudaine d’être chat ou chatte.

Un chat qui se prélasse, c’est une provocation. Voyez comme il vous regarde avec ce regard pervers qui se voudrait innocent avec l’air de dire : « Viens donc, si tu l’oses !»

Photographie Jean Nogrady
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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 06:33

Connaissez-vous l’histoire du trou ? Mon chat me l’a racontée l’autre jour

Un quidam, qui voulait une piscine se mit en tête d’acheter un trou pour l’y mettre, un grand trou qui, à cause des vacances, n’était pas livrable par l’entreprise. Qu’à cela ne tienne, le quidam partit chercher son grand trou avec un grand camion. La maison était en haut d’une côte. Rendu au sommet, le chauffeur ne vit plus le trou : il a demandé à son fils de descendre pour voir où il avait bien pu tomber.

-         Et alors ?

-         Son fils n’est jamais revenu. Il était tombé dans le trou.

-         Pourquoi me racontes-tu ça ?

-         Parce que si l’on n’y fait pas attention, nous allons tous tomber dans le trou de la sécu.

-         Qui c’est qui a fait ce trou ?

-         Tout le monde : c’est une fosse commune

-         Qui c’est qui le creuse ?

-         Le principe de précaution c’est la grande peur des bien portants

-         Comment donc ?

-         En diffusant sans précaution le principe de précautions

-          Il en faut un pour les vrais malades

-         Ce n’est pas un principe qu’il faut aux vrais malades, mais un soin permanent de précautions

-         Ce n’est pas la même chose ?

-         Fichtre non parce qu’un soin c’est une attention particulière

-         Et le principe ?

-         Un prétexte

-         Un prétexte pour qui ?

-         Pour les bien portants d’abord, qui y trouvent un sujet de conversation, les medias qui en font leur sujet de prédilection, les médecins qui vaccinent à tour de bras, les laboratoires, qui en profitent pour faire des recherches faciles au grand dam de celles qui seraient primordiales mais plus difficiles, les politiques qui font semblant de maîtriser – une fois n’est pas coutume – une situation que nous suivons au quotidien...

-         Tu as raison, je vais aller voir mon médecin, je pourrai en parler à mes copines et mon mec va tirer quelques jours d’ITT. Pour une fois qu’on nous prend au sérieux !

-         Qui va payer ?

-         Tout le monde bien sûr et moi-même un petit peu

-         Ça ne te gêne pas ?

-         Non, tout le monde fait comme ça. Surtout ceux qui n’en ont pas besoin.

-         Tu sais, quand on fait un trou, c’est pour enterrer quelque chose ou chercher des vestiges. Comme la sécurité sociale n’a pas laissé de vestiges…

-         Tu crois qu’on finira par l’enterrer ?

-         Non, parce qu’il y a de vrais malades qui vont la sauver. On n’osera pas l’enterrer à cause d’eux.

-         Ah bon tu me rassures, ce serait trop injuste si les avantages sociaux pour lesquels nous payons nous étaient refusés.

-         Même si tu n’en as pas besoin ?

-         Qui t’as dit que je n’en ai pas besoin ?

Mon chat, qui écoutait, pensait à son vétérinaire.  Photos Antine@ et Régine Rosenthal

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